Kristof Desweemer
Créer des masques, c’est fascinant, j’adore, deux yeux, un nez et une bouche et vous pouvez moduler à l’infini, les formes, les volumes, les couleurs, les matières. J’ai commencé — comme tout le monde — par être influencé par l’art africain. Plus j’avançais, plus je modelais mes expressions de façon à m’approcher du réel, de la vie. Tout doucement, de ce que je croyais encore être des masques se sont transformés en figures, en visages. Ce n’est plus l’art africain qui m’habitait mais les Africains eux-mêmes. Les africaines en particuliers. Depuis le jour où je suis tombé sur le livre de Titouan Lamazou sur des femmes vivant autour des grands lacs. La plupart, très belles, avaient vécu des horreurs et vivaient dans un monde d’une brutalité inimaginable. Depuis, je suis fasciné par ces visages de femmes. La force, la douceur, la dignité et la gravité. Dorénavant, je n’étais plus celui qui regardait mon masque, mais ce nouveau visage qui me regardait. Nos rôles se sont inversés.